Cour des Comptes : le coût de l’inaction supérieur à celui de la transition
La Cour des Comptes vient de publier son premier rapport consacré à la transition écologique. Son constat est sans appel : le coût de l’inaction est supérieur à celui de la transition. Cette publication fait également suite au rapport public annuel de la Cour de de 2024, qui avait été consacré à l’adaptation au changement climatique.
Investir dès aujourd’hui dans l’adaptation et l’atténuation n’est pas seulement un impératif environnemental, c’est aussi une décision rationnelle et économiquement pertinente.
Ces messages font directement écho aux analyses du SNITPECT-FO, notamment développées dans le Livre vert et noir de l’adaptation au changement climatique.
Le coût de l’inaction : un constat partagé
La Cour rappelle que chaque euro investi en prévention permet d’économiser jusqu’à trois euros de dommages évités. Les exemples récents – inondations dans les Hauts-de-France, cyclone Chido à Mayotte, crises agricoles ou canicules – traduisent déjà en milliards d’euros annuels les effets du dérèglement climatique. Selon la Banque de France, le statu quo pourrait coûter 11,4 points de PIB à la France d’ici 2050, quand une transition ordonnée limiterait largement ces pertes.
Ce constat rejoint directement l’alerte du SNITPECT-FO : ne pas anticiper revient à payer plus cher demain, avec des coûts financiers, sociaux et humains accrus.
Planifier pour réussir
Le rapport insiste également sur la nécessité d’une planification cohérente et pluriannuelle. La Stratégie nationale bas carbone (SNBC), la Stratégie pluriannuelle des financements de la transition écologique (SPAFTE) ou encore le rôle du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE) doivent être consolidés pour assurer une trajectoire claire.
Là encore, convergence avec le Livre vert et noir : la planification est la seule façon d’éviter un « mur d’investissements », d’assurer la continuité des politiques publiques et de d’assurer l’efficience de l’action de toutes les parties prenantes (collectivités, Etat, acteurs économiques). Sans programmation stable, l’action publique perd en efficacité.
Quelle compétence technique pour mettre en œuvre la transition ?
Si le rapport analyse avec précision les finances, la gouvernance et la territorialisation, il n’aborde pas directement une question pourtant essentielle : qui mettra en œuvre la transition écologique ? La réussite ne dépend pas seulement des milliards investis mais aussi des femmes et des hommes capables de concevoir, dimensionner et piloter les projets.
Qu’il s’agisse de rénover massivement le parc immobilier, d’adapter les infrastructures face aux aléas climatiques ou encore d’accompagner les territoires littoraux exposés au recul du trait de côte, l’ingénierie publique est indispensable. Or, comme le souligne le SNITPECT-FO, la puissance publique souffre aujourd’hui d’un déficit criant de pilotage de la compétence technique collective. Sans reconstitution de ces capacités et valorisation des métiers techniques, les ambitions affichées resteront vaines.
En partageant avec force l’alerte de la Cour des Comptes sur le coût de l’inaction, le SNITPECT-FO appelle les décideurs à compléter l’analyse : il est temps de réarmer la puissance publique sur le plan technique.
À l’heure où s’élabore le projet de loi de finances pour 2026, la reconstitution des capacités d’ingénierie publique doit devenir une priorité budgétaire et politique.
Investir dans la transition est une nécessité ; permettre à la puissance publique de disposer de la compétence pour la mettre en œuvre est la condition de sa réussite.