Rapport annuel 2025 du Haut Conseil pour le Climat : l’Etat saisira-t-il l’occasion de relancer l’action climatique ?
Le nouveau signal d’alarme du HCC sera-t-il entendu ?
Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) a publié, en juillet 2025, son rapport annuel Relancer l’action climatique face à l’aggravation des impacts et à l’affaiblissement du pilotage. Ce document évalue l’action de l’État pour l’année 2024, dans le prolongement de ses précédents rapports, qui appelaient déjà à un changement d’échelle de l’adaptation.
Le constat, hélas, est clair : les impacts du dérèglement climatique s’intensifient, la trajectoire de décarbonation ralentit et la gouvernance nationale se fragilise.
- Aggravation des impacts : 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée (+1,52 °C par rapport à 1850-1900). L’Europe a connu des épisodes de fortes précipitations dévastateurs. Les Outre-Mer ont été durement touchés par des événements extrêmes.
- Fléchissement de la décarbonation : la baisse des émissions de gaz à effet de serre est largement insuffisante en 2024 (-7 Mt éqCO₂, soit deux fois moins que la cible annuelle), mettant en péril l’atteinte de l’objectif de –50 % d’ici 2030.
- Affaiblissement du pilotage : retards de publication et de mise en œuvre des documents stratégiques essentiels (SNBC3, PPE3, PNACC3), lisibilité réduite de l’action publique et perte de visibilité pour les collectivités et les acteurs économiques.
Pour une réponse à la hauteur, le SNITPECT-FO formule ses recommandations
Ces constats confirment les analyses du syndicat, à relire dans notre Livre vert et noir de l’adaptation au changement climatique.
Adapter le pays à ces chocs exige une ingénierie publique de haut niveau, capable de planifier, concevoir, piloter et suivre les projets d’adaptation dans la durée. Sans capacité technique propre, l’État et les collectivités ne peuvent ni garantir la continuité des politiques publiques, ni assurer la solidarité territoriale face aux « déserts d’ingénierie » qui s’étendent.
Le Livre vert et noir de l’adaptation au changement climatique du SNITPECT-FO formulait trois priorités pour réarmer techniquement la puissance publique :
- reconstruire une ingénierie publique avec les ingénieurs,
- mener une politique d’attractivité volontariste pour les métiers techniques,
- organiser le pilotage de la compétence collective.
Ces leviers répondent directement aux lacunes pointées par le HCC : pilotage instable, retards de mise en œuvre et faiblesse des moyens techniques.
L’urgence d’un engagement politique fort
Entre les arbitrages budgétaires dans le projet de loi de finances 2026 et le cycle de réunions en cours sur le statut des ITPE, les semaines à venir pourraient s’avérer déterminantes. Sans investissement dans l’ingénierie, les objectifs climatiques resteront hors de portée, malgré la lucidité des diagnostics et la gravité des impacts constatés.
Les prochains choix budgétaires et réglementaires des décideurs publics seront les révélateurs de la place qu’ils entendent donner aux politiques publiques techniques de la transition écologique et de l’aménagement du territoire, et à la capacité d’action de la puissance publique sur le long terme.
Le SNITPECT-FO appelle donc les ITPE à rester attentifs aux prochaines communications sur le sujet : l’avenir de notre corps et de la capacité de l’Etat à relever le défi climatique pourraient bien se jouer maintenant.