Face aux immenses défis actuels, VNF a besoin de moyens… et de ses ITPE !
Voies Navigables de France est un opérateur principal du report modal, assurant le service public de la voie d’eau en France. Le plan de modernisation acté par le contrat d’objectifs et de performance vise à rendre plus efficace la gestion du réseau et à permettre un service plus réactif pour offrir une alternative réelle au transport routier de marchandises, complémentaire de la voie ferrée.
Ce plan de modernisation doit, peut-être avant tout, répondre aux objectifs de baisse d’effectifs. Or, le déploiement du mode « tout automatisé » ne permet jamais de compenser totalement la disparition des savoir-faire et des compétences historiques et de répondre aux besoins connexes des territoires autour des voies d’eau. Et quand la « modernisation » se déploie dans la précipitation et s’appuie sur des outils pas encore fonctionnels, en décalage avec les réalités de terrain, la compétence des agents et leur investissement restent la seule solution pour compenser les dysfonctionnements induits. Par ailleurs, toute réorganisation doit s’inscrire dans un temps suffisamment long pour porter réellement ses fruits et être correctement évaluée au regard des objectifs initiaux du plan et des impacts sur les agents et les territoires.
Si le service public de la voie d’eau a un coût, il génère également des recettes et de nombreuses externalités positives. Ces externalités sont souvent globales et difficilement évaluables : il s’agit à la fois d’un bien commun pour les territoires traversés et d’un sens majeur dans l’action au quotidien des agents de VNF.
Alors que le gouvernement a décidé de faire de la santé mentale une grande cause nationale en 2025, il apparaît urgent que VNF puisse mettre en place les moyens de fonctionnement, d’accompagnement des agents en place et de recrutements nouveaux pour mener les objectifs de modernisation fixés sans générer ou augmenter les risques psycho-sociaux pour les agents du service public !
Voies Navigables de France est également un opérateur important de la gestion de l’eau avec deux axes majeurs en faveur de l’adaptation au changement climatique : d’une part la gestion quantitative et qualitative de l’eau qui permet de faire face aux risques sanitaires liés aux sécheresses qui frappent de plus en plus régulièrement et fortement les territoires. D’autre part, l’aide à la gestion de crise dans les épisodes de crues, comme celles qui ont frappé notamment le Nord de la France et la Bourgogne en 2023 et 2024.
Nous avons commenté récemment le PNACC 3, présenté par le gouvernement en mars. En synthèse de notre article, ce plan nous apparaît insuffisamment ambitieux. C’est en particulier le cas des traductions opérationnelles, des ressources financières nécessaires et des moyens d’en suivre la mise en œuvre. VNF est clairement à la croisée de ces enjeux et nécessite des moyens pour faire face au défi climatique.
Faut-il attendre de nouvelles condamnations de l’État pour inaction climatique ?
Alors que la ministre vient de (re-)poser dans son discours de présentation du PNACC3 l’ambition d’« anticiper les risques », d’« investir dans les infrastructures et préparer nos concitoyens » et de « permettre à notre pays d’être prêt », il n’est plus possible de constater que VNF est un opérateur déjà à l’œuvre sur le terrain et QU’EN MÊME TEMPS l’administration lui vole des effectifs déjà trop réduits au lieu de les accroître pour permettre la réalisation du PNACC3 !
L’encadrement intermédiaire et notamment les ITPE sont la cheville ouvrière de la réussite de la modernisation et du repositionnement de VNF sur les enjeux climatiques. Alors, le SNITPECT-FO l’affirme avec force et les ITPE revendiquent leur attachement au service public de la voie d’eau, au juste financement des différentes composantes de ce service public et à la reconnaissance des agents du service public à la hauteur de l’implication qui leur est demandée pour le moderniser.